Scénario 7 : Accord de Copenhague limité aux pays de l'Annexe 1

Contexte

Ce scénario illustre un accord partiel où seuls les pays de l'Annexe 1 s'engagent dans la réduction des émissions, tel que défini par les engagements minimaux de l'accord de Copenhague, tandis que les autres pays ne contribuent pas à l'effort d'abattement. Dans TIAM, les émissions des pays n'appartenant pas à l'Annexe 1 sont limités à leur niveau du scénario de référence, et ce, afin d'éviter les fuites d'émission (no carbon leakage). En outre, dans TIAM l'échange (achat ou vente) de permis d'émission n'est autorisé qu'au sein des pays de l'Annexe 1, et il y est limité à 10% en 2020 et 20% à partir de 2030 du volume total de permis alloué. Les mécanismes de développement propre ne sont pas pris en considération.

Climat

Tableau 1 : Augmentation de la température moyenne de l'air de surface comparée à l'ère pré-industrielle à différentes périodes

 

Avertissement: Noter que les résultats de GENIE indiqués ci-dessous sont mesurés par rapport à 2005.  Il faut donc ajouter 0.76 pour obtenir les réchauffements relatifs à la période pré-industrielle.

 

Figure 1 : Réchauffement, en moyenne, de la température atmosphérique de surface entre 2005 et 2105 (en degrés Celsius). source : GENIE-2
Figure 3 : Augmentation des précipitations (pourcentage des simulations présentant une augmentation des précipitations décanales moyennes centrées sur 2000 et 2100 sur un large ensemble de paramétrisations différentes du modèle GENIE)

 

 

+ Augmentation de la température moyenne de l'air de surface entre 2005 et 2105

+ Augmentation (écartype) de la température atmosphérique de surface entre 2005 et 2105

+ Augmentation de la température moyenne de l'air de surface entre 2005 et 2050

+ Augmentation de la température moyenne de l'air de surface entre 2005 et 2030

+ Augmentation des précipitations (en %)

+ Paramètres régionalisés du climat (températures et végétation)

Analyse technico-économique (vision à long terme)

Dans les pays de l'Annexe 1, les émissions sont réduites de 17% en 2020 et 18% après 2030 comparées aux émissions de 2005 (elles augmentent de près de 30% dans le scénario de référence). Cette réduction reste visible à l'échelle mondiale : les émissions augmentent de 7% en 2020, de 27% en 2030 et de plus de 160% à la fin du siècle comparé à 2005 (en place de 14%, 37% et plus de 170% dans le scénario de référence).

Les changements énergétiques majeurs dans les pays de l'Annexe 1 concernent la génération d'électricité : le charbon est remplacé par des énergies renouvelables, principalement l'éolien. La production d'énergie finale n'est presque pas modifiée ; en d'autres termes, les engagements sont trop petits pour induire des changements importants dans le système énergétique, sauf dans la production d'électricité. Le système énergétique des pays hors Annexe 1 n'est pas vraiment affecté, mis à part l'échange d'énergie entre pays : par exemple, les pays qui exportent (dans le scénario référence) du charbon vers les pays de l'Annexe 1 vont déplacer leurs exports vers les pays hors Annexe 1. Les pays de l'Annexe 1 qui n'exportaient pas d'énergie (dans le scénario référence) vont commencer à le faire, et vont exporter vers des pays en dehors de l'Annexe 1. Par exemple les Etats-Unis vont pouvoir dégager des marges pour l'export du fait de la baisse de la consommation domestique d'énergie. Suivant cette dynamique, la Chine importera plus de charbon (que dans le scénario référence) et utilisera moins ses propres mines.

+ Ajout d'une contrainte limitant l'augmentation de la température à 2°C : Afin d'évaluer si l'augmentation de température peut être limitée à long terme, un accord partiel (limité aux pays de l'annexe 1), est mis en œuvre à l'horizon 2030 et il est supposé qu'un traité international impliquant la collaboration parfaite de tous les pays est approuvé et appliqué à partir de 2040 : tous les pays, y compris les pays hors Annexe 1, coopèrent et les efforts d'atténuation sont effectués là où ils sont les plus efficaces. Dans ce cas, la contrainte limitant l'augmentation de la température à 2°C ne peut être respectée, étant donné les options d'atténuation disponibles dans le modèle. En d'autres termes, la réduction des émissions par les pays en voie de développement ne peut pas être retardée après 2040, en particulier dans le cas où les pays industrialisés ne s'engagent pas pour une réduction rapide et en profondeur (ce qui semble être le cas dans les négociations en cours, si les pays en voie de développement ne font pas d'importants efforts d'atténuation).

+ Coût de la stratégie : Valeur actuelle nette (VAN) du coût de la stratégie exprimé en % de la VAN du PNB cumulé sur l'ensemble du siècle : 0.043%

Analyse économique (vision à moyen terme)

il est possible d'explorer plusieurs sous-scénarios, possédant diverses contraintes sur l'utilisation des Mécanismes de Développement Propre (MDP) et sur les achats de permis d'émission.

Dans l'explorateur de scénario, les sous-scénarios économiques de court-terme compatibles avec le scénario 7 sont :
- CPH Annex1 Forever no CDM
- CPH Annex1 Forever 5% CDM
- CPH Annex1 Forever no CDM, permit purchasing up to 50%
- CPH Annex1 Forever 5% CDM, permit purchasing up to 50%

(a) : Pas de MDP

Les échanges de permis d'émissions négociables sont, jusqu'en 2020, limités aux pays de l'Union Européenne. Puis le marché de permis négociables est étendu à l'ensemble des pays ayant contracté des engagements de réduction. En conséquence, plusieurs prix du CO2 subsistent jusqu'en 2020 :

  • Deux au sein de l'union européenne (un pour le marché de l'ETS et un autre pour les autres secteurs ne participant pas à l'ETS) ;
  • Un au sein de chaque zone géographique des autres pays de l'Annexe 1.

 

La disparité des prix du CO2 fait apparaître tout l'intérêt de la mise en place d'un système international d'échange de permis. Le Japon et l'Union Européenne font face à des prix du CO2 élevés, au contraire de la Russie pour qui le prix du CO2 est très faible. Les Etats-Unis et la zone CAZ se situent dans une zone intermédiaire. La mise en place d'un marché à partir de 2021 fait converger le prix du CO2 à 34€ en 2025 et 44€ en 2030. Les échanges de permis apparaissent limités si on les compare aux dotations initiales, au moins sur la première période pour laquelle le marché est mis en place uniquement au sein de l'Union Européenne. Ainsi sur la période 2010-2020, la Pologne est le principal vendeur de permis. Puis l'extension du marché aux autres pays de l'Annexe 1 change considérablement la donne : la Russie est dans cette configuration quasiment en situation de monopole sur la vente des permis. L'Allemagne achète 42% de son allocation en 2030, défavorisée par la règle d'allocation des émissions retenue au sein de l'Union Européenne (et basée dans ces propres simulations d'évolution des populations).


L'importance du coût supporté par les pays est déterminé par l'adoption ou non d'une contrainte en matière d'émissions de gaz à effet de serre.

Tous les pays qui adoptent des engagements contraignants font face à terme (c'est à dire en 2030) à un coût en termes de bien-être exceptée la France, l'Italie et la zone ROE. Concernant la France, elle bénéficie de son faible niveau d'émission de CO2 dans le scénario de référence provenant principalement du faible niveau d'émission de CO2 de son secteur électrique. La règle d'allocation des émissions au sein de l'Union Européenne lui permet ainsi d'être vendeur net de permis d'émissions négociables. Les autres pays de l'Annexe 1 font face au contraire à un coût en terme de bien-être. Celui-ci est important pour la Pologne, le Japon et l'Allemagne du fait d'achat de permis négociables et d'un Deadweight loss of Taxation significatif. On notera aussi que la Russie fait face à un coût élevé malgré des revenus importants tirés de la vente de permis et dû principalement à baisse des exportations d'énergie fossile et à une spécialisation industrielle défavorable axée sur des industries intensives en énergie qui sont fortement pénalisées par l'instauration d'un prix du CO2. La période transitoire (2010-2020) fait apparaître pour la Pologne un gain important en 2020, du fait de ses ventes de permis, ce gain est ensuite annulé consécutivement à la concurrence de la Russie sur ce marché.

Pour les pays n'adoptant pas d'engagement contraignant, ils bénéficient en règle générale de gains liés aux termes de l'échange provenant d'une baisse des prix mondiaux de l'énergie sauf les pays exportateurs d'énergie fossile qui sont pénalisés par la contraction de le demande d'énergie.

(b) : MDP limité à 5%*

L'utilisation du Mécanisme de Développement Propre (MDP) permet de limiter significativement pour la première période (2010-2020) le prix du CO2. Le recours au MDP est limité dans un premier temps uniquement au secteur n'appartenant pas à l'ETS. Pour le marché de l'ETS l'impact est donc nul, le prix du CO2 reste inchangé. Au terme de la simulation (2030) le prix du CO2 baisse de 25% par rapport à un scénario sans MDP. Le prix du MDP serait sur toute la période inférieur à 1 € (Il faut noter que nous ne supposons pas de coût administratif de mise en place du MDP). La Chine serait le principal vendeur de permis, elle représenterait 80% des ventes, les Etats-Unis achèterait 40% des permis.

L'utilisation du MDP permet de limiter pour les pays de l'annexe 1 le coût de mise en œuvre d'une contrainte climatique, pour les vendeurs nets de permis elle limite cependant les revenus qu'ils peuvent tirer de la vente de permis, c'est le cas pour la Pologne et la Russie. Pour les vendeurs de MDP, il y a toujours un gain à vendre même si ce gain est assez limité compte tenu du faible prix du MDP.

+ Surplus en pourcentage de la consommation des ménages

+ Permis d'émissions vendus en million de tonnes de carbone, par pays de 2010 à 2030

+ Prix du CO2 (+CDM) en euros par tonne de CO2 (2005 Euro)

+ émissions de GES en million de tonne de carbone, par pays de 2010 à 2030

(c) : Pas de MDP et achat de permis limité à 50%*

La contrainte des 50% n'étant pas atteinte les résultats du scénario sont identiques à celui sans contrainte d'achat sur le marché des permis d'émission, soit celui décrit en partie (a).

(d) : MDP limité à 5% et achat de permis limité à 50%*

La contrainte des 50% n'étant pas atteinte avec l'utilisation de CDM limité à 5% les résultats du scénario sont identiques à celui sans contrainte d'achat sur le marché des permis d'émission, soit celui présenté en partie (b).

 

* du volume total des permis d'émissions alloués

Emissions

+ Emissions de CO2, CH4 et N2O en GtC de 2005 à 2105

Energie et Technologie

+ Quantité totale de carbone séquestré en puits géologiques :  7 GtC

+ énergie primaire (en supposant FEQ=1 pour les énergies autres que fossiles) en EJ

+ Génération d'électricité en milliard de kWh

+ Consommation d'énergie par le secteur de la demande finale, incluant les usages non-énergétiques, exprimée en EJ